Début de journée difficile. Au réveil, quatre gros degrés Celsius et des rafales de vents à 40 km/h. Le réveil est pénible. Ma classique alarme de bateau retentit, et une fois de plus je me dis que je dois changer cette atroce manière de débuter la journée. La journée d’hier m’est rentré dans le corps. Au moins, la nuit a été bonne. J’ai pu corriger l’angle que mon lit de camp avait, ce qui m’a permis de bien dormir et de ne pas avoir le dos en compote à mon réveil.
Philippe semble plus motivé que moi encore une fois. Je me lève péniblement et je prépare le café. Par ce temps, cette petite boisson chaude est si réconfortante. Le froid durant la nuit a semblé pénétrer mes os pour me glacer entièrement. En plus de la température froide, il y a l’humidité qui n’aide en rien. On aère un peu la boite du camion mais reste qu’avec ce vent, on ne peut se permettre d’ouvrir trop grand les petites fenêtres.
Le café, une gaufre, je prépare mon sac photo et hop, c’est déjà parti pour une nouvelle journée chargée. On débute avec l’observation directement de l’endroit où on stationne la voiture d’une femelle orignal. C’est bon signe, car depuis notre arrivée, les femelles étaient toujours accompagnées par plusieurs autres orignaux dont quelques mâles. On l’aperçoit au loin exactement dans un endroit où on a vu passé un mâle et une femelle la veille. Le vent me fouette le visage, mais au moins il est du bon sens. On avance tranquillement en contournant la femelle pour nous présenter dans une petite clairière.
J’aperçois au loin une femelle orignal. Puis, on se rend compte qu’elle est accompagnée d’un mâle. En fait, ils sont dix. Dix orignaux ensemble. Quelques jeunes mâles, quelques femelles matures, un mâle au panache de taille moyenne et le mâle dominant. Dix orignaux, ensemble. Je n’ai jamais assisté à une telle situation. Je l’ai souvent lu pour des régions comme le Yukon et l'Alaska où les orignaux se rassemblent durant le rut. J’ai parfois vu 2-3 femelles rôder avec un mâle dominant. Mais dix orignaux ensemble (ou peut-être même plus), c’est une première pour moi.
On réalise quelques belles images, mais leur tempérament est plutôt craintif et après une tentative d’approche, ils repartent doucement vers la forêt dense. Aujourd’hui, après la journée de fou qu’on a vécu hier avec les orignaux, notre but est de retrouver la harde. Mais on ne pouvait pas dire non à une belle rencontre avec les orignaux.
On reprend la quête. On décide de se séparer, je prend la crête plus rocailleuse, Philippe prend la portion plus boisée et de style tourbière. Quelques minutes à peine après qu’on se soit séparé, Philippe m’appelle pour me dire qu’il a repéré la harde de caribous. Les mêmes caribous que l’on a rencontrés hier soir. Les seize caribous sont à quelques centaines de mètres de l’endroit où on les a laissés. Cette journée s’annonce vraiment bien.