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Photo du rédacteurJérémie Leblond-Fontaine

Aventure sur la Côte-Nord - 05 - Repos

Dernière mise à jour : 4 déc. 2021

Aujourd’hui c’est la pluie. Je sens le poids des derniers jours peser sur mon énergie. Le peu de sommeil, la fatigue, les repas pas très nutritifs en plus de la météo peu encourageante font en sorte que je décide de prendre une journée de congé. Je préfère garder mon énergie pour ma prochaine destination.


J’ai réalisé dans la journée d’hier de très belles images qui me satisfont beaucoup. Je prends donc cette petite pause la tête tranquille. Il pleut abondamment ce matin. J’ai tout de même mis l’alarme pour voir au petit matin de quoi ça avait l’air. Je me disais que si jamais je changeais d’idée, au moins j’allais avoir la chance de me lever. L’alarme de bateau sonne. Je dois définitivement changer cette alarme pour quelque chose de moins agressant. J’entend la pluie sur la tente, elle est forte. Je referme l’œil.


Je me réveille plusieurs heures plus tard. Il est 9h30. Je me suis couché à 22h hier. C’est dire à quel point j’avais besoin de sommeil. Je me lève assez bien reposé, je ne regrette pas mon choix d’avoir pris un petit temps pour moi. Je profiterai de cette journée pour lire, écrire, charger les batteries, nettoyer le matériel, sécher les vêtements. Car hier à mon retour, on aurait dit que je m’étais baigné tout habillé. Bref, une petite pause d’une journée pour être fin prêt pour une grosse journée qui m’attend demain.



Je vagabonde au fil de la journée. Un petit dîner dans un restaurant sur la route. J'entreprends ensuite une petite randonnée en bordure du golfe. Le paysage me rappelle les îles Mingan. De grandes formations rocheuses érodées par l’eau, de vraies sculptures témoignant du passé lointain des glaciers qui recouvraient la province. J’aperçois au loin une étrange masse sombre sur la roche. Le terrain est plat, les roches forment de grandes plaques dont on a l’impression qu’elles ont été taillées par l’homme. La masse détonne du décor, quelque chose s’y trouve et ne devrait normalement pas s’y trouver.


Au début, je pense à une petite épave de chaloupe ou d’un petit bateau. Mais plus j’avance, plus je me rends compte réellement de ce dont il s’agit : une carcasse de baleine. La baleine est de petite taille. Bien, tout est relatif, car elle est quand même très grosse. Il s’agit d’un petit rorqual, la carcasse mesure quelques mètres de longueur. Elle est gonflée, signe qu’elle est sur place depuis un moment déjà. Plusieurs entailles ont été faites sur son corps, sans doute des charognards qui ont tenté d’en faire leur prochain repas.



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À première vue, on pourrait penser que c’est triste. Effectivement, pour la baleine, ce n’est jamais bien heureux de mourir. Mais dans la nature, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. C’est peut-être paradoxal de le voir ainsi, mais la mort est signe de vie. La chair de l’animal sera consommée par des charognards qui viendront manger sur la carcasse. Le corps en décomposition retournera ensuite à la mer où il nourrira les plantes et les poissons. La vie est un cycle. Par sa mort, le rorqual permet à d’autres de survivre.


Je reprends la route pour me rendre vers ma troisième et dernière destination : les îles Mingan. Voilà plusieurs années que je désire retourner dans l’archipel. Voilà déjà quatre années qui se sont écoulées depuis ma dernière visite. Ça me manquait. Mes derniers passages dans le coin n’ont pas été synonyme de bonne température pour prendre la mer en bateau. Je désire me rendre sur l’île aux perroquets. Et pour se faire, il faut que la mer soit clémente, car sinon, on reste sur terre.


Je me pose sur le bord de l’eau. Le son des vagues qui se couchent doucement sur la plage de sable m’accompagneront jusqu’au matin. Le vent souffle, parfois intensément, parfois plus calmement. Le large est brumeux, je vois à peine les îles au loin. Mais elle semble vouloir se lever. Le soleil plombe, il fait bon. La météo n’augure pas super bien pour demain. Des vents de 25 km/h et des rafales à 35, de quoi me faire douter que nous pourrons prendre la mer.


La nuit arrive. Il n’y a plus aucun son autre que les vagues autours. On dit souvent qu’on cherche le silence dans la nature, Or, la nature est tout sauf silencieuse. On cherche l’absence de bruit nous rappelant la civilisation, et non le silence complet. Les vagues me bercent vers le sommeil telle une comptine pour enfant. Sous les étoiles, je m’évade pour quelques heures.


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