Six heures de sommeil. Voilà tout ce que ça m’aura pris pour me sentir nouveau. Bien que la nuit ait été relativement courte, elle a été vivifiante. Je me sens mieux au réveil que n’importe quel matin depuis le début du voyage. Déjà, dormir à une température supérieure à 10 degrés, c’est bien. Le lit confortable, les couvertes chaudes, la douche chaude (j’ai dû y passer deux heures), on apprécie ce confort pourtant si « normal » lorsqu’on est à la maison. Voilà déjà sept jours que nous sommes partis et c’est la première douche que l’on prend. À moins de 10 degrés dans la journée, ce n’était pas trop le temps d’aller se laver dans la mer et de prendre froid. On remballe tout l’équipement et c’est reparti pour une autre belle journée dans cette magnifique région du Canada.
Le vent souffle déjà moins fort que la veille. 40 km/h, rafales à 60, c’est plutôt confortable par rapport à ce qu’on a subi hier. Le temps est brumeux, de fines particules d’eau flottent dans l’air. Je ne sais pas trop s’il s’agit de bruine ou d’eau de mer. Dans les deux cas, il faudra tout de même protéger le matériel pour ne pas prendre de chances. L’embrun est probablement l’un des pires ennemis du photographe. L’eau salée tache la lentille avant des objectifs, mange le caoutchouc, corrode les connexions. Bref, c’est un ennemi silencieux dont il faut se méfier.
Déjà plusieurs heures que nous cherchons les renards et toujours rien. Le temps s’est calmé un peu. Le vent souffle un peu moins fort, le ciel se déchire pour laisser passer quelques écrins de lumière. L’ambiance des falaises est sublime. Les vagues cognent fortement sur la roche. La couleur de l’eau est vive. Un magnifique turquoise. Je suis assez ravi d’avoir une petite pause au niveau de la météo.
La météo est peut-être plus clémente, la faune, elle, reste absente. On est arrivé ici à 7h ce matin, et il est maintenant 17h30 lorsqu’on prend la décision de quitter pour retourner à notre précédente destination pour retrouver les caribous. Aucune trace des renards aujourd’hui. Rien du tout. Même pas un petit passage. Pourtant, ils sont ici depuis leur naissance. La météo les a peut-être poussés à rester cachés? Ils ont peut-être changé de secteur et notre rencontre d’hier n’était qu’un pur hasard? Qui sait…? Une chose est sûre, on lève les feutres pour retourner où on pense faire de meilleures images.
On gobe un souper rapide et on reprend la route. Une longue route nous attend. Je télécharge quelques albums de musique et quelques balados pour agrémenter le trajet. J’aime bien écouter ces émissions. Ça garde éveillé, ça suscite la conversation avec les autres passagers, je m’éduque. Philippe commence à conduire, et je prends ensuite le relais. Alors que mon coéquipier dort, on croise un orignal directement sur l’autoroute. Je freine rapidement mais pas trop brusquement et je klaxonne très longtemps. Mon but premier est de lui faire une très grande frousse pour qu’il se tienne (espérons le) loin de la route. Une chance que les phares du camion sont puissants, que la visibilité est bonne et que l’orignal était dans un emplacement où je pouvais le voir de loin. S’il avait été derrière une butte ou dans une courbe, l’issu aurait pu être beaucoup plus tragique.
Je continue de conduire jusqu’à ce que la fatigue soit trop importante. On arrête dans un petit stationnement et on se couche pour la nuit. Je m’endorme en quelques minutes seulement, je suis complètement épuisé. Quatre heures de sommeil nous attendent (Philippe avait pris un peu d’avance sur moi).
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